CHRONIQUE D'OUESSANT

Roulis !

La mer d’Iroise s’annonçait plus que clémente pour cette édition Ouessantine de nos MiniCroisières C.N.R. Cinq habitués : Sioul, Kentan, Valric, C’est comme ça! et Byblos étaient accompagnés d’un petit nouveau : Silver Fox, Sun Odyssey 34.2 acquis récemment par Jean-Marc GREGOIRE.

  C’est ainsi que 18 équipiers et skippers résolus s’embarquaient pour une nouvelle aventure lointaine ce samedi matin. A noter la présence de cinq nouveaux croisiéristes : Jean-Marc donc, Jean-Claude son second, doyen de la flotte avec ses 80 ans, Amandine la benjamine préposée aux sauvetages, Thierry préposé à l’entrainement au sauvetage et Benoît promu médecin du (des) bord (s). Pour l’instant il ne s’agit toutefois que des bords de portant car, sachez-le, le prés-serré fut totalement proscrit durant cette croisière.

L’aller s’avéra agréable et ensoleillé mais un tantinet frustrant faute de vent. Finalement même les plus acharnés voileux devaient recourir à l’usage du moteur pour traverser le Fromveur à l’étale et arriver à Lampaul vers 18h.

Mention spéciale pour le vaillant Sioul qui malgré ses 7 mètres et en solitaire suivait parfaitement le tableau de marche : Les Pierres-Vertes à 16h, arrivée à 18h30.

L’organisateur prévoyait un « mouillage sur corps-morts municipaux » et il s’était planté : il y avait bien des corps-morts, mais ils étaient tous occupés.  Mouillage sur ancre donc. Par contre le même organisateur indiquait « houle possible au mouillage » et là malheureusement il eut raison… trop raison. Imaginez une sournoise mini-houle invisible ballotant inlassablement et par le travers notre pauvre flotte durant 36 heures : mouvements d’annexes acrobatiques (n’est-ce pas Thierry ?), sommeils perturbés, embarras divers, chacun commençait à douter des Lampaul et Jean-Paul.

Pour échapper au roulis un débarquement s’imposait, ce qui fut fait dès le dimanche matin pour une promenade de 8,5Km avec option à 12.5 km,

conçue et menée par Muriel, coach efficace qui nous déclara imperturbablement avec la meilleure mauvaise foi et ce durant trois bonnes heures, qu’on était presque arrivé, qu’on était juste avant la baie d’après et juste auprès de la baie d’avant.

Quel spectacle que cette côte sud d’Ouessant malgré le temps, d’abord bruineux et bouché puis définitivement ensoleillé à partir d’onze heures : des rochers, des fleurs, des chèvres en chair et en os,

des chèvres en os seulement (pour Michel). Et enfin le site improbable, incongru et magnifique de Porz Ar Lan avec sa jetée fantôme parfaitement maçonnée et conservée, entretenue depuis 1870…sans aucun usage !

Ou bien alors, Napoléon III aurait-il anticipé l’installation d’une Hydrolienne juste au large ? Prescience des grands politiques !

L’après-midi entrainait certains d’entre-nous au plein nord-est pour ses inratables falaises ou au plein nord-ouest pour l’incontournable Creach ou enfin à Lampaul pour…se reposer.

Cependant le soir approchait avec sa promesse du Ar Piliguet,

restaurant réputé de l’ile tenu par Emmanuel et Martine amis d’Elisabeth et Olivier. De toute façon, en MiniCroisière, quel que soit l’île visitée, le must du commerce local est apparenté à l’un de nos deux amis. D’ailleurs, je viens de m’en faire la remarque, Valric n’affectionne que les destinations îliennes.

La suite révéla un grave manquement dans l’organisation : le retour à bord, en annexes, par nuit très noire sans gilets de sauvetage ni lampes (sauf chez Valric), le transbordement à 23h30 de notre doyen de 80 ans, tout cela n’est pas à refaire. Mea culpa. Malgré tout personne ne regretta ce restaurant et sa façon originale d’accommoder les mets et traditions locales : le « lieu de ligne rôti à l’andouille, farz noir et lipig » justifiait qu’on transigeât sur le principe de précaution.

Le lendemain, après une nouvelle nuit de copieux roulis, la coupe était pleine et chacun cherchait prétexte pour reprendre la mer et quitter au plus tôt cette baie de Lampaul, bruineuse et grisâtre en ce lundi matin : « On a été roulé ! » semblaient-ils clamer silencieusement.

Finalement seul les Kentanais et les Byblosiens, après un solide déjeuner pris en commun, respectaient tranquillement le tableau de marche prévu et appareillaient à 14h pour finalement arriver pratiquement en même temps que les autres.

Il est vrai que le vent s’était levé et que sous spi, à 6 ou 7 nœuds, les 30milles nautiques furent avalés en 5h30.

Conclusion : A l’avenir, si on vous propose une escale à Ouessant, répondez : «oui, ça roule !» ou «non, ça roule.».